vendredi 6 août 2010

Carlos Saura ; Les yeux bandés

"S comme...
Carlos Saura
Son nom apparaît au moment où celui de Juan Antonio Bardem commence à décliner, et il devient rapidement le chef de file du nouveau cinéma espagnol qui émerge dans les années 60, lorsque le poids du franquisme sur la culture s'allège quelque peu. Il décroche deux fois l'Ours d'argent à Berlin, en 1966 pour La Chasse et en 1968 pour Peppermint frappé. Les dix années qui séparent Le Jardin des délices (1970) de Vivre vite (1980) sont marquées par une succession de films importants, Ana et les loups, La Cousine Angélique, Cria cuervos, Elisa vida mia, Les Yeux bandés, qui obtiennent un succès international sans que Carlos Saura fasse quelque concession que ce soit à la facilité. Ses thèmes propres - la mémoire, la famille, le rapport enfant-adulte, le refoulement sexuel, le poids du passé - sont parfaitement mis en valeur par son scénariste attitré, Rafael Azcona, et son actrice (alors son épouse) Geraldine Chaplin, avec laquelle il tournera neuf films. Paradoxalement, la fin du franquisme et la libéralisation du régime, qui auraient dû lui permettre de s'exprimer pleinement, correspondent à une baisse d'inspiration et les réussites deviennent rares, Ay Carmela ! (1990) excepté. Il se consacre à des sujets moins personnels, adaptations de Lorca ou de Bizet, s'intéresse à la danse et à la musique (L'Amour sorcier, Flamenco, jusqu'à son très récent Fados, 2007), dans des productions nombreuses et irréprochables mais dont l'intérêt s'effrite. Mais, pour les six ou sept titres des années 70 qui demeurent des perles étranges, et le regard inoubliable d'Ana Torrent dans Cria cuervos, on peut lui conserver longtemps encore une reconnaissance certaine."

2 commentaires:

Laure K. a dit…

tout à coup, c'est vrai me revient en memoire Cria Cuervos, et je ne connais que celui là ton billet donne vraiment envie d'aller voir plus loin...

Unknown a dit…

Très bien cette biographie. Je trouve que vous minorez un peu le travail de Saura sur la danse (El Amor Brujo, Carmen...) qui est aussi très intéressant. Une magie se dégage de ses premiers films "musicaux" qui est tout simplement boulversante.