mardi 29 décembre 2009

Mille et nerfs

C e soir il fait si froid que des bouts de doigts blancs tombent comme des flocons de neige et que les pieds nus se blessent sur des roses de pierre
Dans le cimetière
la ou reposent ceux qui ont décidé de rester
avec leur nom blême
et leur danse de fer forgé
sous les tonnelles se promènent
les amoureux osseux
mais je crois qu'ils prennent avec humour
eux
la fuite du temps

jeudi 24 décembre 2009

Pour Louise: "La princesse Ecriture"

Il était une fois, une princesse,et comme toutes les princesses, elle devait chaque jour quand elle se réveillait, ne pas oublier qu'elle était une princesse,et ce jusqu'au moment ou elle rentrait dans son grand lit de princesse pour dormir.

La moindre envie de se gratter le nez, d'éternuer, de parler ou d'écouter... surtout d'écouter... tout devait être absolument conforme au protocole "princesse"...
Elle avait été prévenue, dès qu'elle avait été en âge de comprendre:
-"la moindre erreur... et tout...ses belles robes,ses musiciens,ses danseurs,son petit théâtre, tout lui serait supprimé."
C'était arrivé au prince Heureux et franchement cette histoire était très triste...

Donc, le matin elle posait délicatement son petit pied par terre, et souriait à ceux qui pénêtraient dans sa chambre de princesse pour assister à son lever.
Même quand l'énorme chien que lui avait offert, le roi de Pomêranie lui montra ses dents d'un air féroce, même quand on lui annonça la mort de son meilleur ami,elle ne se départit jamais de son sourire...Et d'ailleurs c'était très bien,puisque celà calmait le chien qui retombait la tête entre les pattes, désarmé,et les larmes de tristesse s'arrêtaient instantanément de couler. Mais dans sa tête à elle que d'effroi!
Elle s'était vite rendu compte que ce grand sourire de façade la protègeait comme une armure.Et elle avait surpris plusieurs fois,le regard admirateur du roi son père devant l'immuabilité de son sourire "un vrai petit soldat disait il".
Elle rêvait d'ailleurs assez souvent qu'elle était "le chat de Chester" d'"Alice au pays des merveilles" et que, seule, cette bouche souriante existait en elle.
La vie tournait, parfois joyeuse parfois triste,elle cultivait son jardin de sourires sans se poser de question.

Un jour qu'elle se rendait à son petit théâtre ou on donnait "La nuit des rois".Elle vit sur son chemin,adossé contre un mur,un grand lys, une fleur blanche magnifique et rêveuse.
Quelque chose d'insolite se produisit en elle,quelque chose qu'elle ne comprit pas tout de suite. Il y eut d'abord de drôles de manifestations,son coeur se mit à battre follement,elle faillit tomber et ne put retenir une grimace de douleur...
Puis tout se calma par enchantement.Mais le soir dans son grand lit de princesse,elle ressentit un grand vide...
Elle se leva, cacha sous son édredon, du papier et une plume et se mit à écrire fiévreusement tout ce qui lui passait par la tête.
Lui revint,sous des formes étonnantes, des émotions qu'elle avait enfouies;elle se sentit capable de les faire revivre dans des mots, dans des phrases, qu'elle reliait comme des poêmes.
Le fait de penser à ce grand lys blanc délicatement dansant dans la brise, était une sorte de porte qui ouvrait pour elle le monde merveilleux de l'écriture...

Des années passèrent,douloureuses,tant elle était déchirée, entre cette volonté d'écrire la nuit et son quotidien de princsse de chaque jour.
Et puis, un 24 décembre,date de l'anniversaire de sa maman et de la naissance d'un petit bébé,elle décida que le moment était arrivé:elle alla se planter devant le grand lys qui lui aussi avait pris des cheveux blancs et lui dit:

"Voilà je suis à toi toute entière"
Et jamais elle ne le regretta...

Joyeux Noel

dimanche 20 décembre 2009

L'enfer:Henri- Georges Clouzot


Cette œuvre inachevée, marquée par l'abandon de son acteur principal: Serge Reggiani(Marcel) et par l'infarctus de son metteur en scène:Henri- Georges Clouzot; marquée aussi par la vision étonnante de Romy Schneider(Odette)en un fantasme maléfique et optique, cette œuvre dont il ne reste que les thèmes sans symphonie: l'œil, le mouvement, le sexe,la jalousie,de tout un monde qui se transforme, comme l'Op Art en 1964 transformait la vision; cette forme d'œuvre, à la fois morbide (puisqu'elle annonce le déclin) et prédictive, mène à l'épuisement ceux par lesquels elle s'exprime comme "Les chaussons rouges".
Me viennent à l'esprit aussi en vrac: l'Illiade, Don Quichotte, Don Juan, La recherche,La comédie humaine,Au dessus des champs de coton, Les Passions, Les temps modernes,Blow up, Eonnagata, Café Muller.
Ces œuvres qui n'acquièrent leur perfection que dans la vision de ceux qui les regarderont... plus tard... ont un mécanisme secret contre l'oubli: Janus bifronces, elles sont la représentation de l'union parfaite "d'un fragment de temps mobile et d'un monument immobile".

samedi 19 décembre 2009

mercredi 16 décembre 2009

La création Uve Scholz

Lueur

Une lueur là juste dans l'œil
La tête ne bouge pas
Ma tête ne bouge pas
J'explore ce que l'œil peut voir
Diaphragme sur le plafond vide
On me ferme les yeux

mardi 8 décembre 2009

Persécution: Patrice Chéreau

Persécution, est le récit de l'échec d'une passion, entre un jeune homme au passé stigmatisant, d'une sensibilité exacerbée: Romain Duris et d'une jeune femme enjouée et indépendante: Charlotte Gainsbourg, qui devient l'objet de sa tyrannie amoureuse.
Une deuxième histoire en miroir talonne la première: un "fou" érotomane,Jean Louis Anglade, jette son dévolu sur le jeune homme, le persécute, mais lui permet aussi de se libérer de son passé.
Le croisement de ces deux histoires permet à Patrice Chéreau, en peintre, de donner des lignes de fuites à son sujet.
Partant d'une histoire qu'il dit réelle: celle du "fou" mais aussi celle de Daniel, le jeune homme, qui a probablement beaucoup du "madame Bovary c'est moi!", Patrice Chéreau tourne en plans rapprochés, l'émotion de ses acteurs, les soumet à des chocs psychologiques:la gifle qui introduit le regard de Daniel, l'accident de moto.
Il les regarde jouer, les canalisant ou les exacerbant, telle la parole de Daniel, souvent inaudible dans son débit.

Persécution est un film de théâtre avec quelque chose d'inapaisé,comme si Patrice Chéreau, lui même était persécuté par son amour du cinéma, lui l'homme du théâtre...

lundi 7 décembre 2009

Jim Jarmusch: The limits of control

Il n'est pas étonnant que le film de Jim Jarmusch: "The limits of control" commence par le première phrase du "Bateau ivre" d'Arthur Rimbaud...
"Comme je descendais les fleuves impassibles,
Je ne me sentis plus guidé par les hâleurs..."
L'intuition et l'imagination, de ces deux grands "voyants", Rimbaud et Jarmusch, sont les "objets magiques" (comme dans les contes)qui leur permettent une quête différente de "l'air du temps".
Jarmusch nous installe sur un parapet devant la mer, devant la mécanique des vagues, et laisse notre esprit s'en extraire; il nous laisse rêver.
Ses films sont des rêves, et le public est le récepteur de ces rêves.
Rêver, c'est: accepter que le récit n'ai pas forcément un début ou une fin,
accepter une représentation compréhensible puis la quitter pour une autre plus mystérieuse, accepter un rythme de répétition.
C'est aussi accepter que seul "le ressenti" soit le fil rouge de l'histoire...

Le film commence par des lignes dansantes de lumières troubles, celles des bords de routes comme une "invitation au voyage".
Un homme:Isaac de Bankolé, endosse dans les toilettes d'un aéroport,lieu exigu par excellence accentué par la prise en plongée, un complet veston, d'une coupe et d'une brillance inhabituelle:l'armure du chevalier?
Il va partir pour une sorte de "road moovie",dans une odyssée qui le ramènera à son point de départ, riche de son expérience.
Isaac de Bankolé,impassible et presque mutique, est ce "voyant-actant", celui qui inlassablement recherche dans la symétrie des chose (les deux tasses de cafè), dans le geste (art martial)et dans la marche, un équilibre...
Il est ce chevalier,cette "barque silencieuse", riche d'une énergie profonde qui le pousse à la surface de l'eau-miroir, sur laquelle se lit comme sur un écran, des scènes introjectées du cinéma.
Celles que Jim Jarmusch, garde en lui,comme "ses maitres": Nicolas Ray dont il fut l'assistant,Rivette,Godard,Fuller, Boorman et bien d'autres. Mais aussi,celles des peintres et des musiciens qui forment ce tissu dont nos rêves sont faits, tissu envoutant de l'humanité sur lequel se construisent les oeuvres qui viennent à la lumière. Ces oeuvres parfois personnelles, parfois gratuites et totalitaires comme certains langages:"Vous ne parlez pas espagnol?"revient comme un motif de rébellion et d'ailleurs Isaac de Bankolé, d'une corde de guitare ancienne étouffera la représentation d'un cinéma "gratuit" violent et commercial qui masque la vraie vie, celle du "voyage énigmatique dans la forêt aventureuse"...

pour YB ET Ludovic