jeudi 29 novembre 2012

Chansons d'automne Paul Verlaine

Chanson d'automne Les sanglots longs Des violons De l'automne Blessent mon coeur D'une langueur Monotone. Tout suffocant Et blême, quand Sonne l'heure, Je me souviens Des jours anciens Et je pleure Et je m'en vais Au vent mauvais Qui m'emporte Deçà, delà, Pareil à la Feuille morte.

mardi 13 novembre 2012

Joel Pommerat, conférence au centre Pompidou

Construire sur ce qu'on ne sait pas... « Bientôt -avec le temps- la petite scène devint sonore » c'est en pensant au »Roman théatral de Mikhail Boulgakov que je suis rentrée dans une salle de Beaubourg ou parlait de la création Joel Pommerat. Cet metteur en scène a la particularité d'écrire ses textes(comme Olivier Py et Jean Luc Lagarce et bien d'autres , mais ce qui est assez rare c'est qu'il ne joue que lui et c'est que les deux processus se déroulent de concert. Celà a du être assez éprouvant de se heurter en 1990 à « l'arrogance du théâtre »dont l'écriture se heurte « aux anciens »; on ne peut plus écrire après Moliere et Shakespeare!... Mais il a tenu bon défiant même le temps. « Il me faut environ un an et demi pour mettre sur pieds un projet ce qui de nos jours est une gageure, un spectacle se monte en 2 mois... Mais comment fait-il? Le projet est présenté avec simplement son titre et le nombre de comédiens... A la fois libéré du projet anterieur mais dynamisé par lui, il se consacre seul, dans le silence, à des réflexions, des rêveries, des intentions, des envies... De cet imbroglio nait la ligne d'un projet singulier ...Le travail spécifique commence alors... « Je travaille avec la lumière, le son, les décors et les costumes. Mes techniciens sont avec moi, un moment de plaisir, une aire de jeux... qui va me permettre d'affronter la création ... « La machine à créer est en place » Sur le plateau, c'est dans l'improvisation avec ses comédiens, un travail sur la présence... que s'écrivent des bribes de paroles sans cohérence, mais nourries par l'espace; celles ci seront apprises puis déformées, puis jouées, puis réécrites... « L'écriture, c'est la présence sculptée par la lumière et le son... la parole est économisée » On accepte de ressentir quelque chose qui vient de l'intérieur qui peut aller jusqu'à une certaine abstraction dans la résonnance et les échos, c'est pourquoi j'aime utiliser comme figures : l'ellipse et la fragmentation. Ces images mentales, je les organise entre elles poêtiquement afin de créer un lien avec le public... Comme on a envie d'aller voir ce qu'il fait, lui qui va à l'encontre des idées reçues d'une société qui pousse au travail mal ficelé par manque de temps et à la vision péremptoire du monde... Construire sur ce que l'on ne sait pas et une nouvelle porte s'ouvre...

samedi 10 novembre 2012

Baron Samedi Alain Buffard Théâtre de la Cité Internationale

Est ce dans l'oeil de son metteur en scène, Alain Buffard ou dans le jeu de ces « acteurs insoumis » que prend naissance la vigueur et le rythme de Baron Samedi. Ils ont fait corps tous pour livrer un spectacle d'une rare qualité, de ces spectacles d'où on sort avec l'envie de chanter et de danser même sous la pluie. Une sorte d'ode à la vie … Sur scène une longue vague, celle sans doute décrite par Edgar Poé « à la blancheur parfaite de la neige » avance son dernier rouleau. Imaginée par Jeanne Lauro elle évoque parfois la proue d'un navire... les cales, de chaque coté... un balcon... un toboggan, déscenseur social, parce que les personnnages qui vont l'emprunter font partie du monde des obscurs... des Africains venus de différentes régions, celles ou les blancs il n'y a pas si longtemps allaient chercher leurs esclaves pour la traite. Ceux qui sont arrivés avec espoir et qui n'ont rien trouvé .. Chacun raconte son histoire et chacune donne froid dans le dos; Alain Buffard ne cache rien de ces trajectoires dites sordides plustôt que tragiques mais le rythme qui enchaine et dispose sur cette page blanche les 6 performers a quelque chose de délicat. Kurt Weill avait ce même regard tendre sur ses exclus dans l' Opéra de quatre sous » .Le spectacle est sous tendu par ses chansons. Elles font parties de notre imaginaire et curieusement elles s'intègrent parfaitement à leur histoire à eux; quant à la gestuelle à la fois personnelle et irradiante elle emporte...comme la vérité de la transe vaudou emportait les corps en réponse à la violence qui leur était faite. Baron Samedi mène la danse du haut de son haut de forme (une domination de plus) avec verve et humour et chacun lui répond engageant tout son être. Les deux musiciens font aussi partie de cette farandole des gueux. On pense au monde de François Villon, à Alvin Ayley avec lequel Alain Buffard a travaillé on pense aussi à ces grandes chanteuses noires; Nina Simone à la fragilité puissante qui ont ouvert la scène , on pense à Toni Morrrison « Playing in the dark »on pense à ces grands du slam dont l'un s'appellait justement Johann Guyot-Baron...et puis apparaît cet étrange « Bal masqué »ou les masques ont un parfum de KKK... Dans ce territoire dansant et chantant Alain Buffard a su insufflé les couleurs des grandes comédies musicales mais avec une résonnance particulière celle qui lie intimement le metteur en scène à sa troupe et qui fait que l'implication de chacun emmène le public...

mardi 6 novembre 2012

Umoove

Il y a 30 ans, c'est par la nouvelle danse française, représentée par Dominique Bagouet et Philippe Decouflé que se lance «Vidéodanse ». Ils voisinent avec Balanchine, Kurt Joos, Kazuo Ohno, Cunningham, Pina Bausch. Michèle Bargue, qui a ouvert cette manifestation et à qui nous devons ce formidable travail de « sociologue d' images » de la danse, quitte ses fonctions cette année. Elle a su en faire un merveilleux outil à la fois historique et créateur puisque il a donné un public, à un champ insolite profondément disparate, celui de la danse sous toutes ces formes...et ouvert à tous, là dans le sous- sol du centre Pompidou . Revenir 30 ans en arrière, revoir les anciennes bobines, voilà l'occupation d'un dimanche quand il fait un peu gris et que les pirouettes souriantes et graphiques de Bagouet et de Decouflé vous attirent comme les petites flammes crépitantes d'un bon feu de bois. Bagouet, dont ma voisine ignore même jusqu'au nom (comme quoi cette manifestation ne doit pas disparaître) est présenté avec trois vidéo : Planète Bagouet de Charles Picq (1994), Tant mieux tant mieux de Dominique Bagouet et Charles Picq (1983) et enfin Jours étranges, une captation de Myriam Copier (2003). Planète Bagouet est une sorte de déroulé dans l'univers de Bagouet. Il a été tourné quelques mois après sa mort. Voir ce visage enfantin, cette silhouette un peu diablotine avec cette fragilité que donnent la conscience des lourdes et trop rapides missions conclues par la mort à 41 ans. Voir dans son oeuvre comment sont métabolisés ses souvenirs et son ressenti est toujours quelque chose de profondément émouvant. Burlesque, pétri de cette formation classique, il va inventer un nouveau vocabulaire du mouvement : travail du centre, justesse des appuis, transfert de poids, rebond, indépendance de la main, du visage, du regard, importance du souffle, importance de l'action et des petits gestes... tout est là dans ses ballets humoristiques, qui avec pudeur infinie, mettent à nu l'univers du danseur; dommage ses danseurs parlent de trop... un peu comme dans le film de Wenders sur Pina bauch on a envie de les voir eux eux, eux qui ont disparu... Tant mieux tant mieux ! est un film esthétique, des images échappées de l'âme du chorégraphe et qui mettent en relation la fugacité artistique du mouvement et le quotidien de l'action... leur échange parfois burlesque... La captation me semble moins évidente il n'est plus là et tout date un peu : sans construction véritable, le film s'enlise. A cette univers du « regard intérieur » s'oppose l'univers de Philippe Decouflé complètement tourné vers la communication: la manipulation des formes grâce à des techniques audiovisuelles, c'est drôle, mais peut être un peu « trop » Tout cela a fabriqué un monde qui s'est mis en marche... voir où en sont les jeunes chorégraphes Daniel Linehan, Trajal Harrel et Nadia Beugré est aussi une réponse de Vidéodanse voulue par Michèle Bargues, qui nous interpelle dans sa continuité... Laurence Guez. Plus d’informations : http://www.centrepompidou.fr

vendredi 2 novembre 2012