jeudi 29 mai 2008

Le centre de gravité

Cette photo de Mikki Kunttu jouant de la lumière et de la forme, comme une fleur se joue du soleil, m'a fait prendre conscience que les "portés "étaient une science délicate .
Construite, au cours des siècles par l'intuition et la recherche des danseurs, chaque figure est fonction d'une alchimie physique, dépendante de la morphologie de chacun et aussi probablement de sa vision du monde.
Il semble que dans ce porté là, l'équilibre et la sensation d'unité sont étonnants. Ephémère, le porté donne une sensation de temps suspendu d'autant plus que les danseurs abandonnent tout égo.

Sacred monsters vous connaissez?

jeudi 22 mai 2008

Le langage commun du classique et du contemporain

En France le paysage chorégraphique est clivé entre le classique et le contemporain.
Peu à peu la vision de la Danse s'étiole faute d'échanges.
Les troupes classiques disparaissent...
Le contemporain, lui, ignore de plus en plus que la Danse est avant tout un langage du corps et se fige dans des recherches esthètisantes ou le mouvement devient accessoire.

C'est oublié que nos organes des sens ne prennent vie que si ils sont transportés par un corps qui bouge. Sans l'action pas de sensibilité. Entre la praxie et la gnosie il existe une circularité et l'image corporelle est sans cesse actualisée par des informations venant du corps

Une rencontre

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mardi 20 mai 2008

La Danse...

http://fr.youtube.com/watch?v=gKk7BmnUGiI

La Danse...

La danse...

Comment ne pas parler en premier lieu de celle qui déclenche une émotion violente.Celle qu'on a mal à décrire parce que elle déborde tout ce qu'on avait pu imaginer jusqu'alors . Tel est le Boléro chorégraphié par Maurice Béjard sur une musique de Ravel.

Je ne l'ai pas encore vu mais ce que j'ai vu c'est Two de Russell Maliphant dansé aussi par Sylvie Guillem.

Pourquoi les rapprocher? Parceque tous les deux sont ce que j'appelle de la « Danse Orphique » C'est à dire une Danse qui déclenche en nous un processus très particulier: la sensation d'une révélation, celle de la « Poésie originelle » .La poésie des chants colorés et synchrones, des contrastes simultanés, des impulsions multiples dont les rythmes alternent dans un crescendo libérateur comme l'expression d'un mouvement de vie. Ces chorégraphies sont portées par des êtres d'exception, exigeants, pertinents, hors du temps... à qui notre regard permet une envolée au dessus de tout réalisme....

dimanche 18 mai 2008

Nocturne


Sur les splendeurs glacées
Dans les plis lourds et empesés

Le pas caché

Jambes à l’abri des regards


Quand les jupons tomberont

Naissance austère des dieux de guerres

Ils dégoupilleront

Le sexe des fleurs

Armés ceinturés

Dans la splendeur glacée

D’un don déterminé

Prédestiné


Extrême

Il faudra bien le remettre

Douce caresse des arceaux vengeurs


Autre

Le long des mains tendues

Dans une grande envolée

De pertes et de deuils


Ajuster les soldats

Qui ne savaient pas

Les enfants de guerres

Qui ne savaient pas

samedi 17 mai 2008

Lorsque

"Lorsque l'enfant était l'enfant, il marchait les bras ballants, voulait que le ruisseau soit rivière, et la rivière un fleuve, que cette flaque soit la mer.
Lorsque l'enfant était enfant, il ne savait pas qu'il était enfant
tout pour lui avait une âme, et toutes les âmes étaient une.
Lorsque l'enfant était enfant,il n'avait pas d'opinion sur rien, il n'avait pas d'habitude.
Il s'asseyait en tailleur, démarrait en courant, avait une mèche rebelle et ne faisait pas de mine quand on le photographiait."Peter Handke

Les ailes du désir Wim Wenders



jeudi 15 mai 2008

Alas

Le lien ineffable

Après l'ange de Nicolas Poussin, j'ai suivi celui de Wim Wenders...
Celui ci protégeait Nacho Duato .
"Alas"est inspiré des "Ailes du désir" Sur le texte de Peter Handke sorte de stance à la solitude de l'être et peut être à son dénuement devant la mort "Me gustaria sentir el pèso de mi cuerpo".
La chorégraphie se lit comme un envol . La beauté mélancolique de petites touches d'ailes ici et là dans les bras dans les jambes, effleurée...
Nacho Duato danse lui même cet ange et lui prête son rythme, ses cassures, sa voix et quelque chose de profondément espagnol ou les mouvements du corps ont une richesse altière de douceurs préservées.
Le lien musical (Arvo Part,Massenet,Szymanski, Fuckhead) et la scènographie font appel à la diversité des langages, sorte de tour de Babel contemporaine ou des mots et la musique n'existent que dans leur enchainement esthétique.
Quelle unité dans ce travail de créateurs...

mercredi 7 mai 2008

Au coeur du problème

A l'ombre des fleurs

Une histoire qui finit une histoire qui commence, Janus ,le dieu à deux têtes a encore frappé,hier ,par cette après midi de soleil .
Pour l'histoire qui finit "Trait d'union" les adieux de Wilfried Romoli , une étoile "tardive"(mais les Vendanges tardives ne sont elles pas une sorte d'ambroisie ...) un de ces êtres particuliers dont le visage porte le masque symbole antique de la scène dés la naissance . Je dirai que ce ballet de Preljocaj, qui a peut être quelque chose à voir avec "The servant" (film de Losey qui fait partie de mon Panthéon...) lui associe un double dansé par Laurent Hilaire. Quel magnifique cadeau d'adieux!
Pour l'histoire qui commence, une rencontre avec un jeune chorégraphe, qui comme Violette Verdy n'a pas peur des mots et dresse un tableau mortifère de la Danse d'aujourd'hui, prêt a tout faire pour se battre pour sa Dame...
Comme les maitres du mystère je vous laisse en suspens sur la suite et je pars en vacances, une semaine, à l'ombre de mes falaises bien aimées... travailler ...

mardi 6 mai 2008

L'oiseau de feu

Béjart ,les années de maturité.

Un remerciement hier soir à la Cinémathèque de la Danse et à Germaine Cohen qui a su redonner vie au regard bleu étincelant de Maurice Béjart.
Remontons le montage, j'aime beaucoup le palindrome...
"Boléro" par Sylvie Guillem et le Tokyo ballet 2OO5, sans doute une des chorégraphies les plus fascinantes de Maurice Béjart, magie du geste et du rythme à laquelle Sylvie Guillem donne une envergure fastueuse et mystérieuse dans la pureté ciselée de son style.
Voir et revoir encore" La Danse "car c'est bien de cette religion là qu'il s'agit . Le corps émotion comme cantique...
"La quête de l'Absolu ", c'est un peu comme cela que s'enchainent les différentes séquences:
" Dialogue avec l'ombre double", "le Chant du compagnon errant", "Serait-ce la mort?, "Don Giovanni", "Life " (ou Jean Babilée l'homme -danse aux vies multiples s'incarne dans le Contemporain avec cette félinité étonnement aquatique...Toute l'évolution est déjà là dans ce ballet de 1979). "Adagietto".
Et puis l'Oiseau de feu ou la luxuriance corporelle de Jorge Donn transmet à Niklas Ek le don de l'absolu de la Danse ...


dimanche 4 mai 2008

Une sorte de...

Et en fait j'ai adoré ce travail cohérent sur le rêve ou les pensées deviennent des images colorées, des condensations comme dirait Freud à partir de ce rêve là se reconstruit tout un pan de vie avec ses traits d'esprit... ses ponts de passage... ses fantasmes de désir... qui conduisent à ces images merveilleuses qui traitent de la vraie réalité celle enfouie dans l'inconscient dans le dedans de l'être.
Le rêve est l'activité psychique du dormeur dit Aristote. La Danse est la représentation incarnée du rêve voila ce que démontre Mats EK
Bonnes raisons pour la chèrir comme un autre soi même...

Une sorte de....

Assez souvent un monde grimaçant et dure qui oblige le corps à se casser à se disloquer . Une sensation de vertige qui vous plaque à la paroi des murs. Alors se succèdent des grands pliés à la seconde presque au ralenti des grands jettés tordus et enflammés dans des figures géométriques qui se croisent presque sauvages . C'est celà Mats Ek avec parfois une vraie caresse mais c'est rare...

vendredi 2 mai 2008

La Danse c'est l'Ange qui me montre le chemin aujourd'hui Un peu comme ce tableau de Nicolas Poussin que j'ai vu à Lyon ce dernier WE "La fuite en Egypte". A la frontière de deux territoires,le passé et le futur des voyageurs Marie ,Jésus, Joseph cherchent un refuge... Ils doutent! mais l'ange dans un mouvement presque maternel à la fois protecteur et encourageant leurs indique la direction.
Poussin dans ses tableaux fait un grand travail de recherches Les thèmes sont comme à cette époque des thèmes de commande mais c'est dans l'injonction qu'il trouve une grande liberté d'être comme le chorégraphe limité par l'incarnation se joue du mouvement et y trouve de quoi exprimer tout son envol .
L'espace est "construit structuré et surtout rythmé;"l'espace, il est à la fois scènique mais aussi musicale et les lignes pointent les moments signifiants comme le danseur sur un ligne mélodique peut prendre appui sur l'air qui l'entoure ou sur le mouvement proche ou lointain d'un autre danseur. Et puis toute cette réfléxion donnée transmise d'un corps humain à un autre corps humain avec cette liberté d'être dans le mystère des associations et des chemins de pensées propres à chacun ...



jeudi 1 mai 2008

Un acte....

Quand j'ai quitté Moscou il y a 3 ans j'ai emmené avec moi ce très beau poème de Rainer Maria Rilke adressé à Marina Tsvetaeva .

Nous nous touchons. Par ou? Par des coups d'ailes,
par des distances mêmes nous nous touchons.
Un poète vit seul,et de temps en temps
Vient qui le porte au devant de qui le porta.

Depuis je suis toujours restée dans l'ombre de cette correspondance qui liait ces trois poètes Rilke, Tvetaeva et Pasternak .C'est un peu par ce lien merveilleux hors du temps et de l'espace qui unit profondément la musique des mots et l'élan des âmes que je voudrai ouvrir ce blog .