vendredi 4 septembre 2009

Le funambule Jean Angelin Preljocaj

J'avais dans le souvenir le texte de Genêt et ce très beau film tourné en 1991 de Nico Papatakis « Les équilibristes »qui m'avait donné envie de le lire...
La démarche de Préljocaj m'intéressait à double titre :comment un danseur investit la voix... et le rapport du texte à la chorégraphie...

« On est dans la danse au fil du texte » dit Angelin Preljocaj
Effectivement, Angelin Preljocaj est dans ce texte difficile( dans une voix de micro, détimbrée et sans grain, sans vraiment de rythme, un peu scolaire)t presque détaché des mots. Je ne suis pas un comédien dit il lui même.
Cette réflexion métaphorique, (long poème d'amour pour Abdallah Bentaga que Genêt a connu en 1955 et qui est la période ou il écrit « Le balcon », « Les nègres », « Les paravents ») est en même temps une réflexion de la place de l'artiste dans le monde...Preljocaj transcrit ce monologue par un solo « auto-portrait » qui alterne le texte avec des parties dansées...on reconnaît des auto-citations « Helicopter » mais avec un coté délavé...
Le geste du danseur apporte-t-il quelque chose à ce texte qui parle magnifiquement du corps, de l 'amour du corps de l'autre, d'une sorte d'idolâtrie démesurée avec tout ce que cela peut avoir de brulant...de passionné...
Non l'autre, celui qui dans dans le texte naissait transfiguré par l'imaginaire... comme une apparition... a disparu.
Un choix sans doute mais un choix qui ne convaint pas...
Des rouleaux de papier tombent des ceintres de façon très répétitive évoquant maladroitement la création,un miroir carré signifié par le texte est repris au premier degré, une sorte de coffre de lumière dans lequel sa danse se fait ombre allongée. Tout cela est bien pauvre...
Je n'aime pas la redondance de la danse sur la musique mais je n'aime pas non plus la redondance de la danse sur les mots.
Non décidément ce n'est pas du grand Preljocaj (celui de Blanche Neige, de Noce ou de L'Annonciation) et même cette danse du poignard balkanique nous laisse dans l'indifférence...
Le fil n'a rien d'aérien ... ni de magique...et le danseur reste dans sa solitude...

4 commentaires:

Laure K. a dit…

bon je n' ai pas vu, evidemment mais à te lire je me dis que cette recherche mérite d' avoir fait chemin, delà à ce que l' essai ne soit pas concluant, soit -
Au moins ça pose des limites à le forme, aux juxtapositions osées, esperées, entre textes et danse -

Pourquoi parfois les transformations de l'esprit ne prennent pas corps ? ...

LE MAMI a dit…

Je trouve l'association de deux arts extrêmement périlleuse. Regardez le faible nombre de réussites textes/illustrations. Les contorsions opérées dans le lyrique pour s'associer à la musique, le théâtre au ballet; un texte à une peinture, à une photo;
périlleux, périlleux tout cela. Ca ne se fait pas à la demande, à la commande, ça demande peut être d'y renoncer quand ça semble tourner court et peu de gens savent faire cela.

laurence a dit…

Baltha il me semble que l'on peut tenter l'association à condition de mettre en parallèle dans un même lieu des créateurs ou interprètes qui respectent ce pourquoi ils sont faits...j'ai bien une petite idée la dessus mais...si vous voulez en parler ...on le fait en off...mais je ne veux pas vous déranger...

nemiora a dit…

J'ai eu le bonheur de voir le Funambule à la Maison des Arts de Créteil. Avec sa fragilité, sa sincérité, Prejlocaj habitait complètement ce texte magnifique. J'ai été littéralement envoutée, en apnée pendant toute la durée du spectacle. J'avais aimé Blanche-Neige, j'ai vu bien d'autres danseurs depuis, mais le Funambule reste le moment le plus magique que j'aie vécu depuis bien longtemps. Mon mari et mes deux ados ont beaucoup apprécié égalemenet.