mardi 8 février 2011

"Un tramway nommé désir" à la Comédie Française

Tenessee William est de ceux dont on pense qu'ils donnent au plus juste, l'idée d'une vision américaine de la société sudiste au prise avec la moiteur du climat et à l'exacerbation des sens.
Lee Breuer « électron libre de la scène américaine » met la pièce en scène à la Comédie Française et emploie le mot « magie » et non de réalisme.
Il faut aimer beaucoup la magie du « hors champ » pour oser associer à cette pièce, un décor fait de panneaux-écrans (métaphore du film d'Elia Kazan dit Basil Twist scènographe de la pièce ) en successions rapides, représentant des estampes japonnaise qui glissent, se ferment ou s'ouvrent en différents plans.
Ces écrans semblent contruire l'ailleurs d'un espace qui pourrait être, comme l'espace du langage, une représentation d'idées. L'idée d'une déchirure violente extrêmement contenue peut être celle d'un cerveau malade au prise avec la schizophrénie qui recontruit complêtement un espace, pour pouvoir exister.
Cette idée est assez efficace de même que l'est, l'emploi des silhouettes noires et voilées ( celui qui agit, du bunkaru, marionnettes japonnaises), présentant les objets aux acteurs... cigarettes, bouteilles ...

Blanche arrive chez sa petite soeur Stella qui vit dans un quartier populaire de la Nouvelle Orléans. Rompant avec ses liens familliaux, Stella a épousé un homme, Stanley, par attirance physique.
Celui ci fume, boit et joue aux cartes . Il ne voit pas d'un bon oeil l'installation dans leur appartement exigu, de cette belle soeur qui, à la première entrevue a su résister à ses charmes .
Ancien professeur, Blanche, se donne des airs de grande dame et annonce que le domaine de leur enfance est perdu. Elle semble être heureuse de la cour pressante du copain de beuveries: Mitch.
Stanley Kowalski va découvrir peu à peu qu'en fait de grande dame, elle a vécu dans un hotel louche et que son amour des petits garçons l'a exclu du millieu scolaire... mais surtout que la santé mentale de Blanche a été traumatisé par un grand amour déçu pour son mari, qu'elle a découvert homosexuel , son rejet a poussé ce jeune homme au suicide.
L'histoire magnifiée, protège l' équilibre mentale de Blanche et Stanley va s'appliquer à tout démolir... Il la fera interner après avoir abusé d'elle...pendant que sa femme met au monde leur enfant.
Le personnage de Blanche et sa longue agonie est merveilleusement joué par Anne Kessler qui se plait à lui donner des airs de Delphine Seyrig ;
En face, Eric Ruf ,campe un magistral et animal Stanley, dans une autre tessiture que Marlon Brando, un peu moins ambigu peut être, mais remarquablement crédible à notre époque.

3 commentaires:

Kenza a dit…

Je n'ai jamais encore vu la pièce au théâtre, mais je me souviens bien du film avec Brando...
As-tu une préférence?
Bisous, bisous

versus a dit…

Brando, la sueur chaude des larmes pour les amoureuses ( et les amoureux )!

Laure K. a dit…

je crois qu'il faut que j'aille voir ça !