dimanche 14 février 2010

Un mot d'amour.

Il la regardait derrière de gros verres épais; sa vision en semblait toute retournée; et lorsque son regard arrivait à capter le sien, ce qui finalement était assez rare, il partait d'un grand rire que l'on aurait pu qualifier d'immotivé.Toute sa petite figure déformée semblait lui dire:je t'aime, regarde moi... mais regarde moi, moi ton enfant différent...
En fait elle, elle avait l'impression d'être constamment épiée par ses yeux dans lesquels elle ne pouvait projeter ni passé: elle avait vainement chercher une ressemblance quelconque, ni avenir, il était trop bête.
Alors pour calmer cette demande anxieuse elle lui jetait comme à un toutou... un mot d'amour...

6 commentaires:

Arthémisia a dit…

Ces enfants "différents" ne sont qu'amour et n'attendent que ça de notre part. Ils sont attachants et épuisants en même temps. Une heure de cours avec eux m'était un enrichissement total, même si j'en ressortais sans force. Ils étaient dans le plaisir du faire, du bien faire, de faire plaisir aussi, comme si toute leur vie en dépendait, comme si moi leur prof d'Arts Plastiques, je détenais leur vie entre mes mains.
Enorme responsabilité pour moi, mais aussi énorme bonheur d'enseigner cette année là à cette classe d'UPI.
Beaucoup plus motivant que de lutter comme je le fais en ce moment (car nous sommes presque dans un rapport guerrier) avec mes dealers de banlieue. Question de fraîcheur, probablement.

laurence a dit…

je crois que les deux valent le coup les uns sont font tous les jours de petits progrès qui nous enchantent les autres tout à coup se mettent à aller mieux car ils sont amoureux des petites musiques au rythme différent mais tout souffrant

espace-holbein a dit…

Regarde-moi pour que j'existe. C'est déjà essentiel.

Tintin a dit…

Si ce n'était les gros verres épais, j'aurais pris cette déclaration pour un portrait du fan transi d'amour pour sa chanteuse!

chole[bnkr] a dit…

assez dur comme texte.

Henri-Pierre a dit…

Quoi de plus émouvant que l'urgence de l'amour.
Comment croire en la tolérance quand même les mères peuvent être gênées par la différence.
Pour moi, je demeure toujours convaincu que les handicaps du coeur ou de l'âme sont bien pires que les physiques.
Évidemment, on ne les voit pas...