vendredi 18 janvier 2013
Robert Cantarella
Faire la salle
Faire le Gilles
Ces deux pièces présentées le 13 décembre par le collège des Bernardins dans sa programmation «Questions d'artistes » sont appelées « copies sonores » par Robert Cantarella qui en est le metteur en scène et l'acteur principal.
Robert Cantarella est un homme surdoué, après avoir fondé le Théâtre du Quai de la Gare en 1983, mis en scène Philippe Minyana, Noelle Renaude, Lars Noren, Jean Luc Lagarce mais aussi Tchekhov, Shakespeare, Thomas Bernhard, Strinberg, il écrit, tourne des documentaires, des fictions et de décembre 2005 à mars 2010 il a été codirecteur du Centquatre.
La transmission, est pour lui un sujet important ainsi que la recherche de nouvelles formes de l'écriture scénique.
Cela le pousse à réinterroger le cours fait par Gilles Deleuze à Paris 8 dans les années 75-76. Il est frappé par la dynamique joyeuse du conférencier qui abandonne l'amphithéâtre pour des petites salles enfumées ou il construit sa pensée au contact des étudiants. Cette ardeur devant le concret : « la combustion du présent »permet à Cantarella d'imaginer un procédé qui suit le chemin vocal du cours : une oreillette transmet la voix de Gilles Deleuze et le comédien par cette voix intériorisée piste le rythme de la construction de la pensée, le souffle, les bruits ajoutés, les ratures sonores. Il reçoit la voix, réactive la parole... et réincarne le philosophe, dans un état second, dit il...
C'est assez étonnant ce comédien « transformé en pavillon sonore ». On est bien dans une parole qui se construit. Et cet intervalle très court entre l'écoute et l'émission, sans le travail de la mémoire, privilégie une gestuelle efficace qui appuie le mot ou le moi. La concentration auditive est prenante. Le respect du rythme, de ses fulgurances, de ses errances, fait naître une émotion de naissance...
Bien sure la parole de Deleuze, axée sur « la production du nouveau » est importante.On l'écoute. Le public ou se mélange dans « Faire la salle » des comédiens-étudiants (qui apporte la contestation avec vigueur) permet à Deleuze - (Cantarella) de faire une conclusion topographique sur les délires . Les spectateurs sont étonnés, à la fois par le texte et par la performance d'acteur.
Faire le Gilles, est aussi la réincarnation d'un cours de Gilles Deleuze dans une tension du vivant qui se « dépense pour mieux se repenser ».Un seul étudiant intervient. La difficulté de l'exercice est telle que parfois la parole et le sens échappent au comédien-étudiant dans un brouillard sonore. Mais cette course au réel partagée entre Robert Cantarella et la voix de Gilles Deleuze se révèle fructueuse tant pour l'intérêt du texte que pour l'exercice théâtral qu'il représente.
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2 commentaires:
Votre texte donne vraiment envie d'aller voir l'ensemble de ces spectacles!
quelle expérience ! tu nosu emmène encore ici en territoire inconnu, ou bien dans des têtes chercheuses à faire feu de bois. Intriguant.
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