jeudi 21 juin 2012

La bibliothèque de Jacqueline Lerat, Elisabeth Dousset

Jacqueline Lerat « L'être et la forme » 30 mai 29 octobre2012 à Sèvres Cité de la céramique Comment parler de l' oeuvre d'une grande céramiste? Ce travail de la terre... des mains qui façonnent sur le tour.... des pigments, de leur absence...de la chaleur du feu qui invente une couleur...tout cela a quelque chose de terriblement étrange pour le regard non averti. Il pressent l'existence d'une anteriorité lourde et d'une voyance qui se joue juste sur le bout des doigts comme une mélodie subtile... il cherche dans son corps des sensations de formes. Elles sont un peu oubliées dans cette vie zappée... Elisabeth Dousset, conservateur général du patrimoine et directeur honoraire des bibliothèques de Bourges...s'est entretenue avec Jacqueline Lerat par l'intermédiaire... de sa bibliothèque... Cette conversation bien particulière demande une écoute, une empathie et un travail de fourmis L'inventaire prècis suit le vagabondage d'une âme curieuse, hardie, qui fait à son époque le don de soi par l'intermédiaire de son oeuvre sur la matière... «Les truffes » loin de l'art culinaire mais bien proche, par l'entrelacs d'émotions qui tout à coup font revivre la personne qui a choisi le livre qui l'a annoté qui l'a « truffé » de son quotidien... La végétation de son jardin: des herbes un peu folles aux senteurs délicates qu'elle aime saisir entre deux doigts comme pour associer la science du toucher et celle d'une narine palpitante et aventureuse dans la découverte des correspondances … Des fils( sans doute ceux qu'on a sous la main) un appel à l'autre ou à l'autre-soi « il faut lire ou relire ce passage » … Des coupures de presses: le temps présent des mots qui passent devant l'irréductibilité de la forme, des cartes postales, des billets de spectacles, des tickets de métro... « Cette vie picturale est le reflet quotidien de la charge inconsciente de l'oeuvre » Mais à suivre cette fantaisie poétique, il faut aussi poser la déambulation de toute vie sur l'axe du temps … et le fabuleux travail d'Elisabeth Dousset est d'investiguer dans tous les domaines de la parution et de retrouver par son élan, la proximité de cette artiste : les livres de la formation, les livres du jeune couple les livres de la transmission pour l'ecole des Beaux Arts; des tranches de vie livrent leurs secrets...à une amie fidèle qui sait comprendre et retranscrire... Après cet exposé la très jolie phrase de Montaigne revient à mon esprit: « Si, en amitié de quoi je parle, l'un pouvait donner à l'autre, ce serait celui qui recevrait le bienfait qui obligerait son compagnon »

2 commentaires:

Blue a dit…

Non, en amitié comme en amour rien n'oblige l'autre. Au contraire, pour moi, . L'autre est libre d'aimer ou pas et libre de recevoir cet amour qu'on lui donne, pas d'obligation de résultat. On ne " devrait" pas aimer pour l'être en retour, juste aimer, tout court. Seules certaines âmes se le permettent.... Certaines peuvent aussi le recevoir. L'amour est une denrée rare et à préserver.

laurence a dit…

Et le texte d'amour de Montaigne à La Boétie l'un des plus beaux textes en langue française..."elles ne retrouvent plus la couture qui les a jointes...je crois que obligés en ce temps là voulaient dire "liés"...