lundi 4 avril 2011

For Pina Wim Wenders


Pina, le film de Wim Wenders...


Dansomanie
For Pina.
J'ai toujours voulu faire ce film... dit Wim Wenders. Il lui en parle à Venise. Il le commence 20 ans après, avec l'idée qu'il a enfin trouvé la manière « d'être à la hauteur » par le 3D et avec la pensée qu'elle va travailler avec lui... elle disparaît... 2 jours avant les essais...et il chavire de douleur.
C'est à la demande de ses danseurs qu'il va reprendre son travail.
Le tournage se fait donc en 2 parties. En 2009 ils décident ensemble des 4 ballets et les remettent au répertoire du Tanztheater: Le Sacre, Café Muller, Vollmond, Kontakthof.
Ce qui importe c'est le regard de Pina et l'espace de sa création.
A partir du 30 juin 2009 il est seul pour l'imaginer .
En 2010, les 70 techniciens et les danseurs tournent, et le film est monté en 6 mois.
Peu d'images d'archives, mais chaque image et le génie de Wim, explorent le regard neuf de Pina sur une technique jamais employée pour la Danse.
Qu' apporte le 3D?
Curieusement c'est dans la première partie, celle ou on peut imaginer qu'elle était encore là, et qu'elle sélectionne, que l'apport est le plus convainquant.
Revoir le Sacre, avec les lignes de force de sa chorégraphie qui se meuvent dans l'espace, en opposition avec les visages et leurs expressions, nous faisant passer alternativement de la véracité du mouvement à la vérité de l'émotion, a quelque chose de profondément émouvant.
Dans Café Muller, l'oeil de Pina Bausch a disposé, quelque part plus en arrière, un corps dansant allongé dans sa douleur, que notre oeil, du fait de son pouvoir convergent, sur le couple dissocié du premier plan, n'a pas franchement perçu. Le jeu des caméras 3D le restitue comme une ombre allégorique.
La Danse est un « art vivant » et la caméra 3D en fait surgir tout l'espace intérieur.
Les metteurs en scène avaient souvent l'habitude de travailler avec des maquettes et Wim Wenders se sert de cette « maison de poupées »dans la deuxième partie qui représente la salle de « café Muller » pour signifier le changement du regard. Ce n'est plus le point de vue de Pina, elle n'est plus là, mais c'est le regard de chacun de ses danseurs sur ce qu'elle leur disait et comment cela se répercutait dans leur être et dans leur danse. Ils en parlent chacun, en voix off, dans des plans américains puis dansent . Ils sont là devant nous comme le reflet exacte de la pensée de Pina parcequ'ils ont été scanné par elle et c'est eux qui ont la charge de transmettre aux générations futures.
Beaucoup d'extérieurs sont filmés dans cette deuxième partie, l'air, l'eau, la terre comme un besoin de revenir aux origines. « Quant on est sans voix il n'y a plus que la danse » dit elle .
Sans voix, devant la rythmicité infini des saisons et le temps défini de l'humain, c'est sur cette sarabande des saisons, dansée par les 36 danseurs de sa troupe, que commence et se termine le film. Une spirale en 3D dont la naissance s'est effacée mais qui continue à s'élever légère comme poussée par une force irrésistible: le regard voyant de Pina.

7 commentaires:

versus a dit…

Formidable metteur en scène...Ce film me fait penser à son Nick' movie, présenté lors d' un festival de photo d' art et lui-même accessible à une terrasse de café...
Super moment !

solveig a dit…

Tous ceux qui l'ont connue se disent orphelins depuis que Pina est morte ...

laurence a dit…

A vrai dire j'ai essuyé une larme...

laurence a dit…

j'espère que cela est présent dans mon article...

laurence a dit…

c'est le seul hommage que je voulais lui rendre...juste simplement...

solveig a dit…

Eh bien, il est réussi Laurence ...

Edouard a dit…

Votre beau texte me démontre que nous avons effectivement ressenti les mêmes émotions devant Pina.
Déçu par Wenders ces dernières années, connaissant peu Pina Bausch (et la danse en général) et pas attiré plus que cela par la 3D, j'avoue que cette rencontre fut pour moi assez miraculeuse.