lundi 17 janvier 2011

Ithaque, Botho Strauss, Jean Louis Martinelli, théâtre Nanterre- Amandiers


Ithaque

Ulysse échoue sur le rivage d'Ithaque. Vingt ans ont passé. Son épouse Pénélope, a résisté à la demande pressante des courtisans. Elle ne le reconnaît pas.
Botho Strauss s'inspire des « Chants du retour » de l'Odyssée, un peu comme un « peintre peignant sur une peinture qui existe déjà » Il est un des auteurs allemands les plus connus; son théâtre est amer et drôle. Si ses premières pièces avait pour sujet l'isolement de l'individu, ses névroses, ses difficultés de communication, a partir de 1981, il travaille sur les mythe, le fond commun de notre humanité.
Jean Louis Martinelli a choisi de mettre en scène Ithaque d'abord séduit par son coté politique: le rapport à la société de consommation. Mais Botho Strauss en parle lui, comme une grande histoire d'amour. Le sujet est en fait le morcèlement entre des êtres...ceux qui sont partis et ceux qui sont restés et comment se retisse avec difficulté ce lien dans le quotidien, tant celui ci a été phantasmé.
En face de cette Pénélope fissurée, jouée par Ronit Elkabetz dont la voix gutturale presque magnanienne et la gestuelle, donnent au personnage, une lumière étonnante de femme qui résiste aux aléas de la vie, elle grossit pour se protéger, elle ne veut pas le reconnaître, elle lui en veut de l'avoir laissée seule aux prises avec le quotidien des soupirants hableurs... et il attendra pour rejoindre le lit matrimonial... Charle Berling, est un Ulysse ulcéré, qui a du mal à louvoyer avec le personnage écrit par Strauss, qui oscille constamment entre l'enfant qui souffre et l'adulte vengeur en tout cas quelqu'un qui est dans la représentation, le déguisement, en fait dans la performance théatrale. Ulysse symbolise l'art de la ruse et de la dissimulation c'est donc avant tout un comédien. La tension qui nait de cette recherche est très émouvante comme est émouvante la danse d'Anne Rebeschini qui évoque la souffrance et la grace des odalisques réservées au plaisir des males, Euryclée, la nourrice aux regards attentifs, jouée par Sylvie Millhaud , Eumée et Laerte (Jean Marie Winling )
Un théatre évident parfois un peu trop, telle la scène des prètendants, mais qui a le mérite de s'ouvrir à tous .

6 commentaires:

orfeenix a dit…

Je n' ai pas vu cette représentation mais j' en ai eu des échos et votre critique nuancée est vraiment intéressante, merci pour ce billet.

laurence a dit…

merci à vous d'avoir laissé une trace de votre passage

le bourdon masqué a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
versus a dit…

Botho Strauss, auteur palimpseste.
Bonne soirée en passant.

Laure K. a dit…

"Un théatre évident parfois un peu trop", est-ce dire que les ficelles en sont que trop visibles ou prévisibles ?

laurence a dit…

oui de temps en temps ce que j'appelle des" tics"de mise en scéne des choses que l'on a déjà vu une facilité...