lundi 15 novembre 2010

Rêve d'automne: Jon Fosse, Patrice Chéreau

Rêve d'automne


Le voyage est aussi une oeuvre d'art; avant d'arriver à la salle Denon , lieu de la représentation, les spectateurs traversent les salles du Louvre, " ces corps et ces visages"  qui racontent le monde de l'art. Ils montent essoufflés, les grands escaliers. Cette tension qui les soutient et les attire: c'est Rêve d'automne, une pièce de Jon Fosse, mise en scène par Patrice Chéreau.
La salle Denon, fait office de scène , le parquet ciré, l'étrange rouge passé de ses murs, les places vides des tableaux, les envolées de galeries symétriques et précises qui partent à l'infini vers un ailleurs ...un banc, quelques chaise...nous sommes dans un cimetière...dans le lieu du manque.
Une femme âgée, Michelle Marquais, en paletot, pieds nus, un bouquet de fleurs à la main, réprime son chagrin. Aspirée par la galerie est, elle continue indéfiniment son errance .
Un homme à la silhouette vide, dans un vague manteau, s'installe pour dormir.
Une jeune femme semble le surveiller.
Pascal Gregori, vient à l'enterrement de sa grand mère. Il est cet homme qu'il raconte, dans une gestuelle imagée comme j'imagine, devaient raconter en Afrique les diseurs d'histoires: un divorce, un enfant dont il ne s'occupe pas, une aventure qu'il n'a pas su oublier. Il se dit contre l'amour.
Des parents bien conventionnels joués par Bulle Ogier haletante et discordante d'angoisses, tournée vers elle même. Son mari, Bernard Verley cherche à la maitriser, sans conviction.
La jeune femme ,Valeria Bruni Tedeschi, les pieds nus dans des compensés bon -marchés, attendra le sommeil de l'homme pour s'en approcher, le couvrir d'un geste maternel puis se coller à lui dans la demande du désir « toujours aussi peu sexy de parler de sexe » dira t il.
Ce qui à sans doute à été le but de leur première rencontre, va devenir le lien de leur union, le seul lien puisqu'ils n'auront pas d'enfant. Ce manque là va probablement stériliser petit à petit leur amour. La jeune femme finira comme la mère: dans la peur sans objet.
La distribution est remarquable: aucun faux semblant, sans oublier la maladie et la mort du fils, jouées sans parole par Clément Hervieu-Léger.
La représentation du couple vulnérabilité-violence est dosée de main de maitre, un chef d'oeuvre vivant parmi ces toiles peintes...