jeudi 14 avril 2011

Roméo et Juliette Béjart Farrell et Donn... Je dis


Représenter ou non Shakeaspeare, c'est un peu la question posée à la sortie de ce ballet de Noureev et c'est en fait la question du théâtre et de la danse... N'est ce pas leur rôle de rendre visible l'invisible...
Qu'en est il de cette chorégraphie...
Roméo et Juliette est sans doute la tragédie la plus célèbre, écrite. Elle laisse entrevoir qu'en ce monde la perfection n'est qu'un instant fugitif .
Il est donc question de temps, de beauté et de nostalgie que l'on pourrait en conclusion traduire par sensibilité poétique...
Le temps est l'unité de contraires:la vie et la mort (peut être aussi des sexes) très marqué dans le texte par la figure de l'oxymore et les jeux de mots.
Il me semble que certains mouvements notamment les danses de cour ou le corps et la tête partent en opposition, parfois même en tissage reflètent assez bien ce que les mots électrisent;
La première danse de ce Roméo luminescent, le lie à la nuit qu'il semble poursuivre de son mouvement d'archer...
Opposition aussi, de la danse de mort de Mercutio qui pour moi est le plus beau moment du ballet (mais Emmanuel Thibaut y est pour quelque chose) là ou ricane la danse macabre « le masque de la tragédie » qui entrainent les jeunes filles dans un très joli mouvement tourbillonnant sur un côté de la scène...
Noureev sait partir dans des détails paillards et sa rhétorique corporelle se transforme parfois en une vision de soudard. Ce que Shakespeare savait manier avec humour parce qu'il y opposait des moments d'une rare poésie devient vite une outrance parce qu'elle devient caractéristique de ce parcours initiatique qu'est l'adolescence; de même que les réactions de Juliette...qui sont poussées chaque fois au paroxysme.
La beauté n'est plus, l'amour est mort et les pas de deux évitent le contact.
Ce que Mac Millan savait montrer de l'inaltérabilité du sentiment d'amour, par une gestuelle en miroir éblouissante, Noureev semble perdre de vue la valeur du mythe. Bien sure il représente la mort, il la fait venir au pied du lit de Juliette mais elle n'est qu'elle même... un contre emploi.
A l'invisible, la danse donne une matérialité éphémère ...Noureev dans Roméo et Juliette expulse du concret comme un piège à la résonance.
Ce que Mats Ek saura retrouver lui par son économie

4 commentaires:

le bourdon masqué a dit…

même les éclairagistes ne se mélangent pas les "pinceaux",pourtant l'issue est sombre.

bizak a dit…

J'imagine un roméo juliette joué avec Béjart et Pina!

laurence a dit…

A défaut de Roméo et Juliette Pina Bausch a fait un Orphée et Eurydice d'une grande beauté

Mr Choule a dit…

n'ayant jamais lu Roméo et Juliette, je n'ai pas vraiment suivi l'histoire racontée par cette danse (très classique finalement pour du Béjart non ?). Ah oui, j'ai quand même lu Tristan et Yseult :-)