dimanche 30 janvier 2011

mardi 18 janvier 2011

Hommage à Roger Planchon Théatre Nanterre Amandiers


Hommage à Roger Planchon

Ce que l'on doit à Roger Planchon...
Jean Louis Martinelli introduit cet hommage pour celui qui restera toujours vivant.
Michel Bataillon qui a écrit une anthologie sur « l'épopée du TNP » présente le le livre édité chez Gallimard de 8 pièces inédites « chants d'amour et de mort » écrites par Roger Planchon et parle de cette vie sans trêve de l'homme qui se définissait comme à la fois: metteur en scène, acteur, auteur et animateur et qui assura pendant 30 années la direction du théâtre de la Cité de Villeurbanne.
Jean Villar le choisit pour la Cour d'Honneur en 1972 à la fois comme comme auteur et metteur en scène de la pièce « Bleu, blanc, rouge »
La tranversalité à toujours posé problème en France.
Chez lui la pensée et les mots, sous forme de pièces, essais, poèmes naissaient en parallèle avec les mises en scène... en parallèle aussi cette volonté de porter « la décentralisation culturelle » face à des ministres et des ministères timorés qui avaient du mal à suivre ce « prince heureux » né dans une famille de paysans ardéchois dont la lecture et le theâtre ne sont pas l'activité principale et qui sont pourtant un public ...
A partir de 1980 viendra s'y adjoindre une intense activité filmique (tournages montages)...
Suit un très beau documentaire préparé par l'Ina ou Planchon parle de « La remise » cette première pièce un peu autobiographique qui a pour sujet la disparition du sens de la vie chez des paysans qui se réveillent un matin, devant un monde transformé, industrialisé...
« La vie des gens simples me fascine parce qu'elle est mystérieuse... ils ne connaissent pas les rêgles du jeu... et le monde entier est opaque...je ne peux accepter que ceux qui m'entourent ne connaissent pas Shakespeare...l'action du théatre de la Cité est désespérée... il faut que les gens eux même revendique la culture...c'est un problème politique...si le pays n'est pas capable de résoudre ce problème là cela craquera de tout coté... Les jeux ne sont pas suffisants...il faut un petit quelque chose d'autre peut être l'intégration des artistes dans la cité...le souhait pour l'avenir c'est de ne pas s'endormir et de ne pas perdre le sens de l'humour...le theatre c'est l'arrivée d'un messager qui annonce quelque chose qu'on attendait pas c'est quelque chose qui surgit...et moi j'aime ce moment là...ou les rapports entre les gens changent ... »
Vont se succéder ceux qui l'ont cotoyé et apprècié:
Georges Lavaudant « on a perdu un savoir ...qu'on ne retrouvera peut être pas »
Daniel Mesguich, «la disparition d'un géant que je n'ai pas connu assez étant dans l'autre mouvance celle de Vitez ...c'était un homme de la vraie politique celle qui se soucie des autres et la dette est infinie»
Serge Tachon qui relate son premier film en 1987 « Dandin », et ses projets pionniers et durables la création et la direction de Rhone Alpe cinémas, des studios Lumières, du Studio 24...
Jean Pierre Vincent lira en hommage, un hommage de Borgès à Shakespeare.
Alain Françon « un profond sentiment de justesse et de justice ».
Jacques Rosner« l 'écriture d'une pièce, c'est partir seul à la decouverte d'un champ de forces qui se répondent »
Michel Vinaver « le héros change la mise, bouscule les catégories »
puis Patrice Chéreau lira des extraits de son journal « nocturnes » avec cette humilité vis à vis du texte qui le caractérise.
Planchon pour moi c'était un grand monsieur à la chevelure blanche, un de ces sages qui écoutent et parlent peu mais qui ont le regard attentif. Il sut tirer le théatre de sa hiératique place, en faire une histoire, ou chacun pouvait se reconnaître .Un homme qui avait chevillé au corps l'idée de la transmission des mouvements, des couleurs, des voix. J'ai peu vu ses mises en scènes théatrales mais son cinéma" I comme Icareet Toulouse Lautrec m'a paru riche de cette écoute aux autres.
« Le coeur même du réel est poêsie » cette phrase d'Orson Welles a été citée deux fois pendant cet hommage. Elle est un épilogue qui laisse ouvert l'imagination de chacun, et c'est ce qu'il voulait...

lundi 17 janvier 2011

Ithaque, Botho Strauss, Jean Louis Martinelli, théâtre Nanterre- Amandiers


Ithaque

Ulysse échoue sur le rivage d'Ithaque. Vingt ans ont passé. Son épouse Pénélope, a résisté à la demande pressante des courtisans. Elle ne le reconnaît pas.
Botho Strauss s'inspire des « Chants du retour » de l'Odyssée, un peu comme un « peintre peignant sur une peinture qui existe déjà » Il est un des auteurs allemands les plus connus; son théâtre est amer et drôle. Si ses premières pièces avait pour sujet l'isolement de l'individu, ses névroses, ses difficultés de communication, a partir de 1981, il travaille sur les mythe, le fond commun de notre humanité.
Jean Louis Martinelli a choisi de mettre en scène Ithaque d'abord séduit par son coté politique: le rapport à la société de consommation. Mais Botho Strauss en parle lui, comme une grande histoire d'amour. Le sujet est en fait le morcèlement entre des êtres...ceux qui sont partis et ceux qui sont restés et comment se retisse avec difficulté ce lien dans le quotidien, tant celui ci a été phantasmé.
En face de cette Pénélope fissurée, jouée par Ronit Elkabetz dont la voix gutturale presque magnanienne et la gestuelle, donnent au personnage, une lumière étonnante de femme qui résiste aux aléas de la vie, elle grossit pour se protéger, elle ne veut pas le reconnaître, elle lui en veut de l'avoir laissée seule aux prises avec le quotidien des soupirants hableurs... et il attendra pour rejoindre le lit matrimonial... Charle Berling, est un Ulysse ulcéré, qui a du mal à louvoyer avec le personnage écrit par Strauss, qui oscille constamment entre l'enfant qui souffre et l'adulte vengeur en tout cas quelqu'un qui est dans la représentation, le déguisement, en fait dans la performance théatrale. Ulysse symbolise l'art de la ruse et de la dissimulation c'est donc avant tout un comédien. La tension qui nait de cette recherche est très émouvante comme est émouvante la danse d'Anne Rebeschini qui évoque la souffrance et la grace des odalisques réservées au plaisir des males, Euryclée, la nourrice aux regards attentifs, jouée par Sylvie Millhaud , Eumée et Laerte (Jean Marie Winling )
Un théatre évident parfois un peu trop, telle la scène des prètendants, mais qui a le mérite de s'ouvrir à tous .

mercredi 12 janvier 2011

mardi 11 janvier 2011

Le chateau William Forsythe Montpellier



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William Forsythe Sylvie Guillem:" in the middle" répetition :

Résumé de "L'art de la déconstruction" théatre de la ville Sonia Schoonejans

Derrida publie en 1967 «De la grammatologie»: L'oral a toujours primé sur l'écrit, celui ci n'étant qu'une consignation de la parole. Il faut donc une nouvelle lecture des grands textes. Porter son intérêt sur ce qui semble aller de soi ou ce qui reste souvent négligé; Il s'opère ainsi un déplacement, une foccalisation sur le détail. Cette grille de lecture dépasse le domaine philosophique et littéraire pour gagner les sciences humaines, l'architecture et d'autres arts vont s'en inspirer.
Aux USA c'est le naufrage des utopies, et en 1988 une exposition organisée par le MOMA à New York regroupe les principaux adeptes d'une architecture qui soumet le constructivisme et le futurisme russe des années 20 à l'analyse deridienne: Franck Gehri: la maison dansante, Zaha Hadid, Bernard Tschumi, Daniel Libeskind.
Dans le monde de la danse, William Forsythe, que l'on considère comme le successeur de Balanchine est un passionné de rock et de comédies musicales, maitre du ballet de Francfort jusqu'en 2004 et grand amateur de philosophie. Il applique cette théorie à la danse. Il retaille le style classique sur pointe et notemment celui de Balanchine. Il intègre la chute, l'échec. La danse est désarticulée, le mouvement ne part plus d'un centre mais de plusieurs à la fois et les axes sont multiples.
« Artifact » en 1984 s'impose par sa recherche sur le déséquilibre, la complexités du mouvement et sa vitesse mais aussi par une déconstruction de tous les matériaux du spectacle.
A partir de 1991, « Loss of small details », il intègre le danseur à sa recherche, la vitesse fait place à la lenteur le ballet parle de la durée, la transformation, la décomposition mais aussi de l'attention de l'un pour l'autre.
« Impressing the czar » est un ballet de 1985 il met en scène l'histoire de la danse sur un échiquier géant; dont la deuxième partie est constituée par «  In the middle somewhat elevated » créé indépendamment l'année précédente avec Sylvie Guillem à l'opéra de Paris
Son dernier travail présenté à Montpellier étudie comment émerge une chorégraphie chez des amateurs...

dimanche 9 janvier 2011

Coltrane: Alabama

Tolstoi

"nous ignorons absolument où nous sommes, où nous allons, et si nous arriverons, non plus même au relais, mais dans n’importe quel abri. " Tolstoï - "Une tourmente de neige"

vendredi 7 janvier 2011

Eonnagata

Sous l'impulsion de Sylvie Guillem, Robert Lepage et Russel Maliphant, ont mis en scène, l'histoire du chevalier d'Éon. Ce gentilhomme français qui, sous Louis quinze a servi d'espion ou d'espionne au roi , à la pointe de son épée ou au charme ambiguë de ses longues jupes; ce travesti «d'époque» finit sa vie exclu de France, et dans la misère en Angleterre ou il est disséqué pour enfin connaître la vérité sur le «middle sex»...
De cette vie romanesque, le trio (en fait je pourrais dire le quatuor: Alexander Mac Queen a disparu l'année dernière.Il est présent tout au long de cette histoire par le symbolisme de ses créations vestimentaires « de la cage au cachot» a dit un poète...
Du tressage des brandebourgs du costume du chevalier, aux cages nues et virevoltante des crinolines, au lacis structuré et squelettique des justaucorps, tout est là pour signifier l'enfermement du moi et la douloureuse expérience d'une société perverse.
Et pourtant comme dans toute vie, des moments d'une exquise grâce sont présents : l'histoire du chevalier, contée en introduction par Sylvie Guillem, le bateleur de la comédia del arte , l'apparition de la tête de Russel puis de son corps entre les plis maternel du kimono géant( au Japon dans la tradition du kabuki les rôles féminins sont tenus par des hommes), l'enfance et l'apprentissage de l'équilibre dans des jeux joyeux et acrobatiques, l' adolescence dans un moment voilé et magique où le corps féminin nait du corps masculin de Russel avec toute la grâce et la précision du mouvement de Sylvie Guillem.
Des moments de grand comique,aussi, telle la représentation de la chevalière vieillie par Robert Lepage qui est vraiment un moment d'anthologie théâtrale, un contre poids.
Si chacun des deux autres, font corps de façon différente avec la représentation du personnage, l'un félin l'autre dans une belle énergie , Robert Lepage introduit, un entre deux, un contre dit, une infime distanciation à la fois drolatique et inquiétante , qui laisse au spectateur la possibilité de s'interroger sur la destinée... Tout cela est contenu dans son mouvement même et c'est du grand art …
Cette interrogation, dont la dernière image solde définitivement toute réponse par le silence... le balancier peu à peu réduit son mouvement et s'efface... perturbe juste un peu le spectateur comme une insolente « vanité  » mais de ce regard là on en sort riche...
Une dernier remerciement à l'équipe canadienne de technique son et lumière pour la finesse de leur travail et qui tout autant sont présents sur la scène pour notre grand plaisir...

Eonnagata


photo Erick Labbé