lundi 18 avril 2011

James Bort Les yeux de Laure


A la louange de Laure et de Pétrarque

Chose italienne où Shakspeare a passé
Mais que Ronsard fit superbement française,
Fine basilique au large diocèse,
Saint-Pierre-des-Vers, immense et condensé,

Elle, ta marraine, et Lui qui t'a pensé,
Dogme entier toujours debout sous l'exégèse
Même edmondschéresque ou francisquesarceyse,
Sonnet, force acquise et trésor amassé,

Ceux-là sont très bons et toujours vénérables,
Ayant procuré leur luxe aux misérables
Et l'or fou qui sied aux pauvres glorieux,

Aux poètes fiers comme les gueux d'Espagne,
Aux vierges qu'exalte un rhythme exact, aux yeux
Epris d'ordre, aux coeurs qu'un voeu chaste accompagne. Verlaine

jeudi 14 avril 2011

Roméo et Juliette Béjart Farrell et Donn... Je dis


Représenter ou non Shakeaspeare, c'est un peu la question posée à la sortie de ce ballet de Noureev et c'est en fait la question du théâtre et de la danse... N'est ce pas leur rôle de rendre visible l'invisible...
Qu'en est il de cette chorégraphie...
Roméo et Juliette est sans doute la tragédie la plus célèbre, écrite. Elle laisse entrevoir qu'en ce monde la perfection n'est qu'un instant fugitif .
Il est donc question de temps, de beauté et de nostalgie que l'on pourrait en conclusion traduire par sensibilité poétique...
Le temps est l'unité de contraires:la vie et la mort (peut être aussi des sexes) très marqué dans le texte par la figure de l'oxymore et les jeux de mots.
Il me semble que certains mouvements notamment les danses de cour ou le corps et la tête partent en opposition, parfois même en tissage reflètent assez bien ce que les mots électrisent;
La première danse de ce Roméo luminescent, le lie à la nuit qu'il semble poursuivre de son mouvement d'archer...
Opposition aussi, de la danse de mort de Mercutio qui pour moi est le plus beau moment du ballet (mais Emmanuel Thibaut y est pour quelque chose) là ou ricane la danse macabre « le masque de la tragédie » qui entrainent les jeunes filles dans un très joli mouvement tourbillonnant sur un côté de la scène...
Noureev sait partir dans des détails paillards et sa rhétorique corporelle se transforme parfois en une vision de soudard. Ce que Shakespeare savait manier avec humour parce qu'il y opposait des moments d'une rare poésie devient vite une outrance parce qu'elle devient caractéristique de ce parcours initiatique qu'est l'adolescence; de même que les réactions de Juliette...qui sont poussées chaque fois au paroxysme.
La beauté n'est plus, l'amour est mort et les pas de deux évitent le contact.
Ce que Mac Millan savait montrer de l'inaltérabilité du sentiment d'amour, par une gestuelle en miroir éblouissante, Noureev semble perdre de vue la valeur du mythe. Bien sure il représente la mort, il la fait venir au pied du lit de Juliette mais elle n'est qu'elle même... un contre emploi.
A l'invisible, la danse donne une matérialité éphémère ...Noureev dans Roméo et Juliette expulse du concret comme un piège à la résonance.
Ce que Mats Ek saura retrouver lui par son économie

mardi 12 avril 2011

Beckett le dernier poême

Folie —
folie que de —
que de —
comment dire —
folie que de ce —
depuis —
folie depuis ce —
donné —
folie donné ce que de —
vu —
folie vu ce —
ce —
comment dire —
ceci —
ce ceci —
ceci-ci —
tout ce ceci-ci —
folie donné tout ce —
vu —
folie vu tout ce ceci-ci que de —
que de —
comment dire —
voir —
entrevoir —
croire entrevoir —
vouloir croire entrevoir —
folie que de vouloir croire entrevoir quoi —
quoi —
comment dire —
et où —
que de vouloir croire entrevoir quoi où —
où —
comment dire —
là —
là-bas —
loin —
loin là là-bas —
à peine —
loin là là-bas à peine quoi —
quoi —
comment dire —
vu tout ceci —
tout ce ceci-ci —
folie que de voir quoi —
entrevoir —
croire entrevoir —
vouloir croire entrevoir —
loin là là-bas à peine quoi —
folie que d’y vouloir croire entrevoir quoi —
quoi —
comment dire —


comment dire

Callas Manon Massenet je ne suis que faiblesse...

Mardi dans la nuit comme un rêve

mercredi 6 avril 2011

lundi 4 avril 2011

For Pina Wim Wenders


Pina, le film de Wim Wenders...


Dansomanie
For Pina.
J'ai toujours voulu faire ce film... dit Wim Wenders. Il lui en parle à Venise. Il le commence 20 ans après, avec l'idée qu'il a enfin trouvé la manière « d'être à la hauteur » par le 3D et avec la pensée qu'elle va travailler avec lui... elle disparaît... 2 jours avant les essais...et il chavire de douleur.
C'est à la demande de ses danseurs qu'il va reprendre son travail.
Le tournage se fait donc en 2 parties. En 2009 ils décident ensemble des 4 ballets et les remettent au répertoire du Tanztheater: Le Sacre, Café Muller, Vollmond, Kontakthof.
Ce qui importe c'est le regard de Pina et l'espace de sa création.
A partir du 30 juin 2009 il est seul pour l'imaginer .
En 2010, les 70 techniciens et les danseurs tournent, et le film est monté en 6 mois.
Peu d'images d'archives, mais chaque image et le génie de Wim, explorent le regard neuf de Pina sur une technique jamais employée pour la Danse.
Qu' apporte le 3D?
Curieusement c'est dans la première partie, celle ou on peut imaginer qu'elle était encore là, et qu'elle sélectionne, que l'apport est le plus convainquant.
Revoir le Sacre, avec les lignes de force de sa chorégraphie qui se meuvent dans l'espace, en opposition avec les visages et leurs expressions, nous faisant passer alternativement de la véracité du mouvement à la vérité de l'émotion, a quelque chose de profondément émouvant.
Dans Café Muller, l'oeil de Pina Bausch a disposé, quelque part plus en arrière, un corps dansant allongé dans sa douleur, que notre oeil, du fait de son pouvoir convergent, sur le couple dissocié du premier plan, n'a pas franchement perçu. Le jeu des caméras 3D le restitue comme une ombre allégorique.
La Danse est un « art vivant » et la caméra 3D en fait surgir tout l'espace intérieur.
Les metteurs en scène avaient souvent l'habitude de travailler avec des maquettes et Wim Wenders se sert de cette « maison de poupées »dans la deuxième partie qui représente la salle de « café Muller » pour signifier le changement du regard. Ce n'est plus le point de vue de Pina, elle n'est plus là, mais c'est le regard de chacun de ses danseurs sur ce qu'elle leur disait et comment cela se répercutait dans leur être et dans leur danse. Ils en parlent chacun, en voix off, dans des plans américains puis dansent . Ils sont là devant nous comme le reflet exacte de la pensée de Pina parcequ'ils ont été scanné par elle et c'est eux qui ont la charge de transmettre aux générations futures.
Beaucoup d'extérieurs sont filmés dans cette deuxième partie, l'air, l'eau, la terre comme un besoin de revenir aux origines. « Quant on est sans voix il n'y a plus que la danse » dit elle .
Sans voix, devant la rythmicité infini des saisons et le temps défini de l'humain, c'est sur cette sarabande des saisons, dansée par les 36 danseurs de sa troupe, que commence et se termine le film. Une spirale en 3D dont la naissance s'est effacée mais qui continue à s'élever légère comme poussée par une force irrésistible: le regard voyant de Pina.