Sous l'impulsion de Sylvie Guillem, Robert Lepage et Russel Maliphant, ont mis en scène, l'histoire du chevalier d'Éon. Ce gentilhomme français qui, sous Louis quinze a servi d'espion ou d'espionne au roi , à la pointe de son épée ou au charme ambiguë de ses longues jupes; ce travesti «d'époque» finit sa vie exclu de France, et dans la misère en Angleterre ou il est disséqué pour enfin connaître la vérité sur le «middle sex»...
De cette vie romanesque, le trio (en fait je pourrais dire le quatuor: Alexander Mac Queen a disparu l'année dernière.Il est présent tout au long de cette histoire par le symbolisme de ses créations vestimentaires « de la cage au cachot» a dit un poète...
Du tressage des brandebourgs du costume du chevalier, aux cages nues et virevoltante des crinolines, au lacis structuré et squelettique des justaucorps, tout est là pour signifier l'enfermement du moi et la douloureuse expérience d'une société perverse.
Et pourtant comme dans toute vie, des moments d'une exquise grâce sont présents : l'histoire du chevalier, contée en introduction par Sylvie Guillem, le bateleur de la comédia del arte , l'apparition de la tête de Russel puis de son corps entre les plis maternel du kimono géant( au Japon dans la tradition du kabuki les rôles féminins sont tenus par des hommes), l'enfance et l'apprentissage de l'équilibre dans des jeux joyeux et acrobatiques, l' adolescence dans un moment voilé et magique où le corps féminin nait du corps masculin de Russel avec toute la grâce et la précision du mouvement de Sylvie Guillem.
Des moments de grand comique,aussi, telle la représentation de la chevalière vieillie par Robert Lepage qui est vraiment un moment d'anthologie théâtrale, un contre poids.
Si chacun des deux autres, font corps de façon différente avec la représentation du personnage, l'un félin l'autre dans une belle énergie , Robert Lepage introduit, un entre deux, un contre dit, une infime distanciation à la fois drolatique et inquiétante , qui laisse au spectateur la possibilité de s'interroger sur la destinée... Tout cela est contenu dans son mouvement même et c'est du grand art …
Cette interrogation, dont la dernière image solde définitivement toute réponse par le silence... le balancier peu à peu réduit son mouvement et s'efface... perturbe juste un peu le spectateur comme une insolente « vanité » mais de ce regard là on en sort riche...
Une dernier remerciement à l'équipe canadienne de technique son et lumière pour la finesse de leur travail et qui tout autant sont présents sur la scène pour notre grand plaisir...
vendredi 7 janvier 2011
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5 commentaires:
très juste ce que vous en dîtes... et j'ai trouvé, comme vous, cette trinité très intéressante.
limpide... ce que ça devait être !
:-)
heure de pointe...
ou plutôt "duo sur canapé" ("beakfast at Tiffany's") un remake de "Il faut savoir tourner Lepage"
L'ano c'est quoi ces pratiques avec le page?
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