lundi 9 mars 2009

Eonnagata

Eonnagata est un spectacle conçu et joué par Sylvie Guillem, Robert Lepage et Russel Maliphant
dont la première a eu lieu au Sadler's à Londres.
Eonnagata, retrouve la forme du « mystère » Cet ancêtre du théâtre au Moyen -Age qui prenait place sur le parvis de l'èglise et qui relatait une sorte de biographie faite pour interroger et fasciner et créer une communauté émotionnelle chez le spectateur.
Le sujet sera commenté par les trois acteurs chorégraphes.
Un prologue dit par Sylvie Guillem explique que la lumière, comme une lame, un jour a séparé l' unité corporelle en trois parties et que chacune de ces parties en est restée mélancolique....
Ceci est illustré par l'histoire du Chevalier d'Eon ,gentilhomme du 18e siècle dont la vie entière se situe dans une sorte de paradoxe à la fois soldat et diplomate maniant l'épée mais aussi l'éventail... énigme pour ses contemporains dont Louis 16, qui l'obligea à ne plus quitter ses habits de femme. l'assignant à quitter un jeu dont la stigmatisation le conduisit à la déchéance.
Cette histoire, ou les trois danseurs composent avec chacun son monde intérieure, la pluralité d'une personne humaine, interroge sur la représentation dans ses deux sens.
La représentation de soi, de son corps, le corps perçu et le corps vu
La représentation en tant que création passage à la réalité scénique.

Le corps dans tout ses états

Corps enfantin
Solitaire, dans sa toute puissance onnipotente, symbolisée par l'épée qui appelle la foudre ou que ce soit dans le paradis retrouvé de leurs trois présences ou le trio glisse sur trois tables dans l'espace imaginaire de leur jeu comme le temps glisse sur eux avec une sorte de liberté dans la gestuelle et d'énergie étonnante...

Corps travesti
L'emprunt au Kabuki de cette forme ailée qu'est le kimono et qui est utilisé par des hommes pour représenter à l'aide de l'éventail la stylisation d'un monde féminin est bien l'exemple que le genre est une frontière socialement construite et de ce kimono gigantesque naitra Russel Maliphant …
Apparition de l'apparence et donc de la création...
Toute cette ambivalence est soulignée par les costumes d' Alexander Mac Queen : des effets de « Body art » stylise des corps écorchés ou des corps prisonniers de cages mouvantes qui obèrent le mouvement des bassins donnant une curieuse sensation de flottement là ou le centre doit mener la danse...Emploi des rouges dans des matériaux transparents raidis pour dresser un col comme un éventail ou enrouler dans le manteau somptueux de la "sirène", Sylvie Guillem...

Corps saccagé

Ambivalence aussi dans les temps de l'histoire ou le corps saccagé devient un objet de dégout manipulé par de longues baguettes par des hommes cachès
Sylvie Guillem donne à ce corps déserté le poids de l'éphémère...

Corps en grâce
Ambivalence de la mort-naissance de la chrysalide qui dans ce cocon transparent, en forme de kimono et du chant majeur et oh combien harmonieux du corps dansant de Sylvie Guillem.

Corps émouvant
Le corps massif et statique, assigné d e Robert Lepage émouvant de concentration dans un langage qu'il ne posséde pas et qui s'oppose à l'énergie svelte de Sylvie Guillem et à la souplesse douce de Maliphant.

Trois tempéraments trois façons différentes de vivre le mouvement...de représenter le monde ...la danse..la création...

Ces trois là ont travaillé ensemble cette création parlant chacun avec son langage de son corps et par là même du corps des autres .
Celui torturé, celui disséqué, celui assigné, celui revendiqué ou caché ,celui qui ne peut s 'exprimer pleinement que dans la vie elle même et sa diversité...

3 commentaires:

Laure K. a dit…

zone d 'influence, je relirais mot après mot, ceci trace quelque chose en moi, en rapport, en parallèle de mon espace de création ... alors merci de revenir de ça, d' y être aller ... même si le sommeil est agité...

Anonyme a dit…

en ne s'adressant qu'à l'âme, la dévotion nous avait habitué à mépriser tout ce qui est du corps..

Anonyme a dit…

cette étude de eonnagata est très juste pour quelqu'un qui a vecu deux et demi avec "ça "