vendredi 21 décembre 2012

Akram Kahn Desh Théâtre de la ville

« Je suis fasciné par l'eau à l'intérieur de la terre, c'est au coeur de ma façon de penser et de bouger fluidité à l'intérieur de la forme ». Desh, le mot attend la pluie tant il est sec. Il signifie « terre » dans le mot Bangladesh et c'est le pays des parents d'Akram Khan et le sujet de son nouveau spectacle au Théâtre de la ville du 19 décembre au 2 janvier. C'est un solo de 88 minutes où toute une équipe a travaillé. Ils nous font entrer par immersion dans la recherche de l'histoire : creuser la terre et atteindre l'eau. Il a quelque chose d'imprévisible dans l'enchainement des souvenirs et le spectacle est construit avec cette fluidité un peu vertigineuse des images qui reviennent...Son père, s'est battu pour les transmettre à l'enfant né à Londres et auxquels à l'époque comme la plupart des enfants il n'était pas très sensible... La guerre, qui a fait de son grand-père un mutilé et dont Akram partage un moment le corps dans une évocation douce et mordante. Lui dont le regard est aussi acéré que le geste entrecroise ensuite le possible de la rue avec une sorte d'imprévu. Sa formation de danseur kathak (danse du nord de l'Inde) en assure la matrice et la volubilité. Il traduit l'enchevêtrement et le bruit avec une vigueur tonique et habile. Le corps fluide et rythmique sait transmettre des visions, des impressions, des émotions. A ces récits du quotidien, se mêle le conte, articulant le virtuel animé et superbement stylisé de Tim Yn, il y agence son geste dans un total accord. C'est assez fabuleux cet arbre de vie à l'intérieur duquel il grimpe. Le conte appartient à la tradition orale et il semble nous dire mais vous avez simplement oublié le corps et c'est à moi de le faire renaître...De ce corps polyphonique il fait une sorte de lieu de rencontre un peu comme dans Bahok où un quai de gare servait d'unité à l'histoire des voyageurs. Grand art du solo gestuel quand il peut évoquer l'universel dans l'essence même de sa diversité. Laurence Guez Le 19 décembre - Théâtre de la Ville (Paris)

5 commentaires:

versus a dit…

Et le corps comme en suspens pour franchir un nouveau cap...

Christian a dit…

on plonge dans un univers bien attirant et la plume de <laurence nous invite à mettre les palmes et plonger dans le grand bain du théâtre de la ville

Georg-Friedrich a dit…

Les mots, toujours si délicatement choisis, donnent envie de plonger au cœur de la chose. Joyeux Noël chère Laurence.

alex-6 a dit…

ton commentaire donne envie d'aller s'y baigner

Laure K. a dit…

J ai pensé que tu le verrais en voyant l affiche dans le metro ce qui est fait et tres habilement relaté. L image d un arbre de vie ou on aurait simplement oublié le corps ou le corps polyphoniques me parlent beaucoup.
merci d en parler avec ton attention guidée.